Au début du xxe, l'oncle et le neveu, Marcellin et Louis étaient fâchés, mais vraiment fâchés et le seront toute leur vie.
Le motif n'en n'était sans doute pas vraiment un, c'est un peu mystérieux pour nous.
La famille n'était pas très nombreuse à cette époque, le minimum aurait été de se serrer les coudes.
Hubert (2025)
Où Marcellin, un peu naïf, a cru qu’il pourrait racheter la « maison où il est né et dont il porte le nom » à un prix raisonnable.
Toulouse, le 5 juin 1882
Mon cher Marcellin,
Je m’empresse de te communiquer une nouvelle qu’il te sera peut-être utile de savoir. Mon père est venu aujourd’hui à Toulouse et m’a dit de t’écrire pour te dire qu’à Caraman, jeudi dernier, un certain M. Marty, marchand de bien, était venu le trouver et lui avait dit qu’il était chargé par le propriétaire de Langautier de reprendre la vente de cette propriété. Cette vente lui avait été confiée il y a quelques années, trois ans, je crois – tu dois t’en souvenir. Puis le propriétaire n’avait pas poussé à la consommation, désireux qu’il était de conserver cet immeuble pour une héritière quelconque. La raison qui avait arrêté la vente ayant disparue aujourd’hui, M. Marty se souvenant que mon père lui avait autrefois parlé de cette affaire, a cru devoir l’en informer. Pendant quelques jours encore on ne tambourinera pas la chose à droite et à gauche, de sorte que mon père pense qu’en se hâtant un peu
vient quelque nouvel incident sur cette affaire, il est bon que je sache où te trouver ; puis enfin il faut bien donner une réponse, pour si évasive qu'elle soit à ce M. Marty qui autrement ne se gênerait pas pour hâter autre part, autant qu’il serait… la conclusion de cette affaire. Mon père bien entendu ne lui absolument rien dit ni rien promis ; il lui a dit seulement qu’il en préviendrait une personne qui lui avait demandé des renseignements dans le temps.
Si tu as besoin de quelques indications auprès de M. Marty, voici son adresse : M. Marty fils, Marchand de biens, avenue de Muret 69, Toulouse.
Voilà, cher ami, la nouvelle que j’avais à te donner aujourd’hui ; je ne doute pas qu’elle ne te mette force martel en tête et je souhaite surtout de tout mon cœur ainsi que mon père que vous fait ses meilleures amitiés à toi et à Albert et m’a répété dix fois de t’écrire, que tu y trouves satisfaction sous tous les rapports.
C’est avec impatiente que j’attends ta prochaine lettre. Bien cordialement à ton frère et à toi.
H. Loupiac
Vervins, le 19 juillet 1892
Monsieur Fauré, propriété Langautier par Auriac (Haute Garonne)
M’étant marié récemment, j’ai l’intention de prendre, le mois prochain, un congé pour aller visiter le midi et Toulouse que ne connaît pas encore ma femme ; afin de me permettre de fixer exactement mon itinéraire avant d’entreprendre un si long voyage, je viens vous demander si se serait indiscret de vous présenter, au cours de ce voyage, à Langautier, que ma femme voudrait également connaître parce que j’y suis né.
Si ce désir peut se réaliser sans être importun, je vous serais fort obligé de me le faire savoir, me réservant de vous écrire, de Toulouse, le jour et l’heure de notre visite, car non seulement je ne voudrais pas être indiscret, mais j’aimerais vous rencontrer.
Veuillez agréer, monsieur le docteur, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
Marcellin de Langautier
Auriac, ce jeudi 21 juillet 1892
Mon cher Monsieur,
Non seulement nous ne serez pas indiscret, non seulement vous ne serez pas importun, mais il me sera très agréable de réaliser vos projets.
Vous me… n’y aura que mon père et le vôtre ont vécu dans une intimité profonde, et que médecin de votre famille, mon père passera à Langautier tout le temps que ne lui prenait pas ses malaises.
Je n’habite pas Langautier, mais Auriac, où je suis rivé par ma clientèle, et voici ce que je vous propose :
Je ne veux pas que vous passiez à Langautier en touriste, mais que vous vous installiez le temps que vous voudrez ; pour cela faire, vous me préviendrez le jour de votre arrivée, je mets ma… cuisinière à votre disposition, il y a les tables les chaises et les lits où mon père et le vôtre ont couché, je vous préviens qu’ils sont tous mauvais et durs. Vous serez chez vous tout le temps que vous plaisez d’y être. Auriac est à 3 km, pour vos provisions, les métayers sont à votre disposition pour aller les prendre, le village est assez bien pourvu en viande, légumes et provisions de toutes sortes. Vous pourriez même revoir, non pas en passant, mais bien à votre aise, le Langautier ou vous êtes né, et que vous trouverez assez peu changé, d’après ce qu’on m'a dit.
Je ne vous ferais pas ce genre de propositions, si ma femme ne devait être ici, à l’époque que vous avez choisie pour venir dans le midi. C’est elle et ma fille qui vous auraient reçu à Langautier, mais je ne serai seul, et je crois plus simple, et plus pratique de laisser seul prendre à plein poumons l’air natal.
Voilà, mon cher Monsieur, ce qu’un vieil ami de votre famille, croit devoir faire pour vous être agréable. J’espère que vous voudrez bien accepter l’offre qu’à vous faire de tout cœur.
Veuillez agréer, mon très honoré monsieur, l’assurance de mes meilleurs sentiments.
L. Fauré
Prévenez mois quelques jours avant votre arrivée.
Vervins, 26 juillet 1892
Cher Monsieur,
Vous me traitez en ami, dans la réponse aimable que vous venez, par courrier, de me faire et j’aurais voulu moi aussi, sans retard, vous adresser mes plus vifs remerciements pour votre offre si courtoise ; si charmante, et je dirai même bien tentante !
Non seulement je n’ignore pas la grande amitié qui unissait votre père et le mien, mais je me souviens encore de l’accueil cordial et tout affectueux que j’ai reçu de lui à Loubens, en 1871, je crois, lorsque des recherches m’amenèrent dans cette commune. Je n’avais fait aucune allusion pour vous laisser toute liberté.
C’est assez-vous dire que je renouerai même avec un réel plaisir nos vielles relations de famille, en regrettant toutefois vivement de ne pouvoir faire la connaissance de madame Fauré lorsque nous serons à Auriac le mois prochain ; nous regretterons d’autant plus son absence que notre intention n’est que de passer la journée à Langautier, à moins que (pourquoi ne pas le dire), je n’entrevois la possibilité d’entrer en pourparlers pour devenir acquéreur.
Aussitôt rendu à Toulouse, du 5 au 12 août, selon la date de mon congé, je vous préviendrai du jour exact de notre arrivée chez vous.
Agréez, je vous prie, cher monsieur,…
Marcellin de Langautier
Auriac, le 24 novembre 1892
Monsieur
Votre lettre du 15 m’a trouvé absent, j’étais allé passer quelques jours à Luchon. À mon arrivée, j’ai consulté ma famille qui n’est pas d’avis que je vende Langautier.
Les raisons de cette opposition sont diverses, et je ne crois pas qu’elles puissent avoir pour vous aucun intérêt.
Comme Langautier est absolument à moi, et que personne ni dans ma famille, pas plus que dans celle de ma femme, ne peut m’empêcher d’en disposer, je vous céderai Langautier au prix de 150 000 mille francs.
Si ce prix peut vous convenir, veuillez me faire savoir quel mode de paiement vous adopteriez, pour que je puisse me mettre en mesure de faire le placement de cette somme.
Madame Fauré et ma fille me chargent d’être auprès de madame de Langautier l’interprète de leurs sentiments
Veuillez agréer pour vous cher monsieur, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
L. Fauré
Auxerre, le 31 mai 1893
Monsieur,
Il me revient du Lauragais que vous ne vous expliqueriez pas mon silence.
Il est pourtant bien aisé à comprendre : je n’ai pas pris au sérieux – comme vous deviez bien vous y attendre d’ailleurs – votre lettre m’offrant 20 hectares de terre pour 150 mille francs, et j’ai pensé qu’à pareille proposition il ne fallait même pas de réponse.
Du reste, je vois que la vente de votre propriété vous créerait (à ce que vous m’écrivez du moins à de tels ennuis de la part des vôtres que, pour vous éviter de ce chef tous désagréments, je renonce au projet d’acquisition que j’étais allé vous exprimer à Auriac cet été.
Recevez, Monsieur, mes salutations empressées
M. de Langautier
Le samedi 18 mars 1899, M. Louis Fauré, médecin à Auriac, est venu dans mon cabinet à Lavaur au sujet de Langautier.
Il y a dit-il, près de 20 hectares. Cette propriété lui a couté 46 mille francs. Ce à quoi j’ai répondu : « ce n’est pas moi ! ». Ce n’est pas moi, ais-je ajouté, parce que les terres ne valent pas ce prix-là : Langautier vaut 1 900 Fr l’hectare et pas plus.
Il demande de Langautier 46 mille francs que ça lui a couté, contrat en mains, et il a payé ce chiffre, porté, dit-il, sur son acte d’achat, parce que quand il a acheté il y avait beaucoup de bétail et… et beaucoup de mobilier dans la maison (tout cela n’est que mensonges). En plus de ces 46 mille francs, il veut que je lui paye la valeur de la maison ; bref, il m’a demandé 100 mille francs.
Je lui ai ri au nez, et puis mis à la porte de mon cabinet.
Voici ce que je lui ai dit : « jamais je ne mettrais plus de 50 mille francs dans cet achat ; dans tous les cas voici ce que j’offre et sur quelles conditions je compte acheter.
D’abord vous payez votre prix d’achat, prix certain, présumé et au besoin prix donné par les experts de la valeur de Langautier lorsqu’il l’a acheté. Mais il est certain qu’il n’a pas payé plus de 30 mille francs, mettons avec les frais que cela lui soit revenu à 35 mille francs contrat en mains.
Je donne 10 mille francs de bénéfice (et pas un sou de plus) parce que c’est Langautier et que j’y suis né ; ce qui fait 35 000 + 10 000 = 45 000 francs, environ 5 000 francs de frais d’acquisition, et on a un maximum, contrat en main, une somme nette de 50 mille francs que je consens à payer les 20 hectares de Langautier, mais pas un sou de plus.
Et même si les gros arbres ont été coupés, si les platanes et le gros chêne n’existent plus, je ne donne plus les 10 mille francs de bonne main.
Mars 99, Marcellin de Langautier
Le parrain a été M. le docteur Honoré Loupiac ; la marraine a été Mme Savatier-Laroche, épouse Esmelin, grand-mère maternelle.
Ce jourd’hui, 20 janvier 1903, à 3 h15 du soir, nous soussignés, Bastoul André Charles et Bouty Antoine, gendarme à cheval à la résidence Saint-Paul dans le département du Tarn, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, rapportent qu’étant en tournée et nous trouvant au lieu-dit : « En Tounet, commune de Saint-Paul (Tarn), nous avons entendu un coup de feu tiré non loin de nous ; nous étant dirigés de ce côté, nous avons aperçu, dans des bruyères, trois individus, munis chacun d’un fusil qu’ils tenaient abattu horizontalement dans leurs bras, et qui parcouraient en tous sens les dites bruyères dans l’attitude de chasseurs qui cherchent le gibier ; l’un d’eux que nous avons reconnu plus tard pour être le nommé Lacourt, frappait du canon de son fusil dans les broussailles pour déloger le gibier.
Nous étant approchés à 5 ou 6 mètres d’eux sans être aperçus, nous les avons reconnus pour être les nommés :
Gailhard Joseph, âgé de 21 ans, sans profession, demeurant chez ses parents à la Nourrice, commune de Saint-Paul (Tarn), né au même lieu, le 21 mai 1979, fils de Georges et de Olive Gabrielle, n° 33 du tirage au sort dans le canton de Saint-Paul, de la classe de 1 ;
Son frère François, âgé de 18 ans, sans profession, né à Saint-Paul, le 21 septembre 1 ;
Lacourt,, Jacques, âgé de 29 ans, domestique du frère des dits Gailhard, né à Fiac (Tarn), le 1er septembre 1872, fils de Hippolyte et de Papais Augustine, n° 12 du tirage au sort dans le canton de Saint-Paul (Tarn), de la classe de 1872.
Ayant demandé quel était celui des trois qui avait tiré le coup de feu, Gailhard François, nous a répondu que c’était lui, et qu’il avait tiré sur une pie.
Incités ensuite à nous exhiber leurs permis de chasse, ils nous ont répondu : « Nous n’avons pas de permis de chasse ; nous ne savions que faire à la maison, étant désœuvrés aujourd’hui et, pour nous désennuyer, nous avons projeté une partie de chasse, exercice auquel nous ne nous livrons jamais d’habitude ».
En conséquence, nous avons déclaré au sus nommés Gailhard frères et Lacourt Jacques, que, s’étant livrés à l’exercice de la chasse sans permis, ils avaient contrevenu à l’article 1er de la loi du 3 mai 1844 sur la police de la chasse, et que nous dresserions un procès-verbal.
Nous leur avons en outre déclaré saisir les trois fusils entre leurs mains, en les constituant dépositaires à la charge pour eux de les représenter en justice lorsqu’ils en seront requis.
En foi de quoi, nous avons rédigé le présent en double expédition, le 1er destiné à monsieur le Procureur de la République à Lavaur, et l’autre au Lieutenant Commandant la gendarmerie de l’arrondissement, conformément à l’article 495 du décret du 1er mars 1854.
Fait et clos à Saint-Paul, les jours, mois et an que d’autre fait.
Signalement de l’arme de M. Gailhard Joseph : fusil à double piston, canons unis, crosse en noyer, plaque de couche en fer, bretelle en cuir, baguette en bois, valeur approximative 20 francs.
Jeudi 8 Octobre 1914
Berck-Plage, Grand Café
Mon cher ami,
C’est à Berck-Plage, où je suis réfugié que me parvient votre très aimable lettre, adressée à Châtelaillon.
Je commence tout d’abord, par vous remercier de la façon si chaude et si amicale dont vous voulez bien m’offrir l’hospitalité. C’est dans les moments tristes et difficiles comme ceux que nous traversons qu’on trouve ses vrais amis et vous avez voulu me prouver, une fois de plus que vous n’oubliez pas ceux que vous avez laissé dans l’Aisne. Nous avons été, ma femme, ma fille et moi très sensibles à ce nouveau témoignage d’affection. Nous ne l’oublierons pas.
Ceci dit, je vais vous mettre au courant de notre situation qui n’est pas gaie.
Comme les autres années, ma fille s’est installée ici, avec ses enfants vers le 10 juillet pour y passer les vacances avec son mari qui la rejoint le 1er août, dès sa dernière audience.
Nous étions Madame Guérin et moi, arrivés à Berck le 29 juillet, pour y être à l’arrivée de notre gendre et passer 8 à 10 jours en famille. Nous y avons été surpris par l’ordre de mobilisation.
Je suis reparti le dimanche matin et, pendant tout le mois d’août, j’ai fait la navette entre Berck et Soissons, passant 2 jours chaque semaine à Berck, 2 jours à Soissons, un jour à Prémontré et 2 jours de chemin de fer, car nous n’avions plus que 4 trains par 24 heures, toutes les 6 heures. Je devais partir à 3 h ½ du matin pour arriver ici à 5 h du soir, alors qu'habituellement, on part à 6 h 43 pour arriver à 1 h
Mon gendre avait rejoint son poste militaire à Fontainebleau, le 3 août. Le mois d’août s’était passé assez bien à Soissons. Nous avions dit, tous mes voisins et moi, dont plusieurs comme moi, avaient connu l’invasion de 1870 dans la même région que, quoiqu’il dût arriver, nous ne bougerions pas.
Dès le dimanche 23 août, nous vîmes passer des convois de fuyards venant de Belgique et du Nord, en chariots, en tombereaux, en tapissières, en voitures de luxe et de tous genres, voitures d’enfants, brouettes, à pied, trainant des mioches par la main. Cela amena des défections dans mon voisinage ; elles s’accentuèrent fin de la semaine et le lundi 30 août au matin, nous n’étions plus dans mon quartier que 2, un de mes voisins ayant 5 enfants et moi. À midi, il me prévient qu’il allait emmener sa famille, en auto, au-delà de Bar le Duc et qu’il rentrerait à 5 h et que nous aviserions. Il rentra à 7 h et me prévint que, après avoir ramassé quelques papiers, il repartirait à 8 h, définitivement parce qu’on entendait le canon et m’offrant de m’emmener.
Depuis la mobilisation, j’avais 2 bonnes, la femme de mon domestique mobilisé et la sœur ce cette dernière que j’avais recueillie, son mari, parti au régiment l’ayant laissée enceinte et avec 10 f. plus un enfant de 5 ans en nourrice. J’acceptai la proposition de mon voisin à condition qu’il prendrait mes 2 bonnes qui ont 24 et 29 ans et que je ne pouvais laisser dans la rue. Il y consentit et nous partîmes à 8 h du soir, au son du canon, comptant aller coucher à Château Thierry, les trains sur Paris étant supprimés. Pendant 20 km, nous avons côtoyé un long cortège de fuyards, tenant la droite de la route, alors que nous roulions sur la gauche. C’était lamentable, archi lamentable. À 20 km, nous fûmes arrêtés par une patrouille de territoriaux (des brutes) qui nous entourèrent, carabines et révolver sous le nez, nous firent descendre de voiture avec défense d’aller plus loin. Je pu faire entrer mes bonnes chez un des paysans et je passais la nuit avec mon voisin dans l’auto. Nos garde du corps ayant eu une alerte à 6 h du matin, se sauvèrent comme des lapins et nous pûmes continuer notre voyage. À Château Thierry, je lâchai mon voisin et pris le train pour Paris où nous arrivâmes à 4 h du soir et où nous pûmes manger pour la première fois depuis la veille à midi. Enfin, après avoir passé par Dieppe, le Tréport et Abbeville, où, pour faire les derniers 50 km, je dus prendre une auto et nous arrivâmes ici le mardi à 6 h du soir, soit 46 heures après avoir quitté Soissons.
Et nous sommes là; avec ma femme, ma filles, les 3 petites, et les 4 bonnes ! ! ! Car ma fille en avait déjà 2 avant l’arrivée des miennes. Nous attendions les nouvelles qui n’arrivent pas aussi vite que nous le désirions.
De Fontainebleau, mon gendre a été envoyé à Troyes, Verdun, Joinville sur Marne où il a séjourné, et environ. Les dernières nouvelles, remontant à 8 jours et venant de Bar le Duc étaient bonnes. Il est sûr dans l’intendance. Ses parents, père et mère avaient quitté Soissons bien avant moi et sont réfugiés à Châtelaillon. L’insertion, que… me vient d’eux. Ils savaient sans doute alors leur fille à Joinville.
Notre pauvre département de l’Aisne a été bien flagellé, Guis et Soissons particulièrement. En partant, j’ai fermé ma porte dans avoir le temps de laisser de gardien. D’ailleurs, presque tous les gardiens qu’on a laissés ont fui. D’après les renseignements que j’ai reçus, ma pauvre maison a été pillée avant le bombardement. Qu’est-elle devenue depuis ? Je crains bien qu’elle soit démolie. Il doit en être de même de la petite propriété familiale de Caumont près Chauny où nous passions nos vacances. On s’y est battu 3 fois. De sorte que, ayant 2 installations très confortables, nous sommes exposés à 60 et 63 ans, à nous trouver dans la rue, sans gîte, sans linge et sans vêtements. Ce n’est pas gai. Et pourtant, il faudra accepter cela. Nous ne demandons qu’une chose : le retour de notre gendre en bonne santé, après la guerre.
Et vous, comment allez-vous, comment vont et madame de Langautier et Mlle Arlette, que vous allez bientôt songer à marier.
Merci à nouveau, cher ami, de toute votre amabilité. Présentez mes hommages à madame de Langautier à qui ma femme envoie son meilleur souvenir ?
C. Guériny
Toulouse, le 23 juillet 1915
Je lègue toute ma fortune à mon mari.
Je désire que ma fille, si elle nous survivait, prenne aussitôt ses dispositions testamentaires – en se faisant émanciper – afin de léguer sa fortune – jusqu’au moment où elle aurait des héritiers – aux œuvres de bienfaisance catholiques de Toulouse et d’Auxerre.
Je désire qu’elle fasse imprimer mes œuvres littéraires, et qu’elle lègue nos portraits de famille à Madame Georges Rouliot.
Magdeleine de Langautier
Quatre de mes romans sont dans mon sac en cuir jaune et trois dans le coffre-fort de la Société Générale. Trois autres exemplaires sont dans la commode Camille Desmoulins.
Toulouse, le 12 juillet 1920
Monsieur le Maire,
Étant allé, il y a quelques jours à La Salvetat de Caraman, pour faire des recherches de famille dans les actes d’état civil, j’ai constaté l’absence de nombreux registres de 1600 et de 1700 et jusqu’en 1825 environ,
Et j’en ai conclu que ces registres devaient se trouver dans les archives de votre commune qui a absorbé, je crois, avec La Salvetat, une partie de cette ancienne division territoriale ou annexe de Saint-Martial.
Je suis venu vous prier, afin de poursuivre mes recherches de me dire les jours et heures où je pourrais me rendre à Auriac et y trouver la mairie ouverte, et le secrétaire de mairie qui mettrait à ma disposition les registres de vos archives ?
Agréez, Monsieur le maire, l’assurance de ma considération distinguée.
M. de Langautier
Je soussigné, Marcellin de Langautier, chevalier de la légion d’honneur, déclare tester de la façon suivante :
Ceci est mon testament, pour le cas où ma mort surviendrait après le décès de ma fille, car dans le cas de survie de celle-ci, tout ce que je possède à mon décès est pour ma chère fille, Arlette de Langautier.
Mais si j’avais l’affreux malheur de survivre à ma fille, je fais mes dispositions de la manière suivante, de façon à ce que mes héritiers naturels n’aient absolument rien à prétendre ni à espérer sur ma succession, en un mot, je les déshérite formellement et totalement .
Marcellin et son neveu Louis étaient profondément brouillés.
Arlette, la fille de Marcellin, m’a raconté vers 1982 que Louis était venu entretenir son oncle au sujet de leur héritage commun (Albert était décédé en 1894). La conversation aurait mal tournée, Marcellin prétendant qu’Albert cavalier flambeur aurait non seulement déjà dépensé sa part, mais même bénéficié des largesses de son frère.
Louis n’aurait pas accepté cette explication et aurait tenu, du haut de ses 20 ans, des propos que son oncle aurait jugés inacceptables.
Jean de Langautier n'aimait pas que l'on parle ainsi de son père mais n'avait pas beaucoup d'arguments à opposer à ce récit.
Si j’avais, dis-je, l’affreux malheur de survivre à ma fille, je fais les dispositions suivantes, je lègue :
Trente mille francs à la société du prêt gratuit, fondée à Toulouse en 1828, actuellement Hôtel Saint-Jean, rue Saint-Jean n° 3 à Toulouse, pour aider cette œuvre charitable et de bienfaisance dans ses prêts gratuits
Vingt mille francs à l’académie des Jeux Floraux, Hôtel d’Assezat à Toulouse, pour, les revenues, être utilisés en prix en gré et au mieux de cette société.
Vingt-cinq mille francs à l’Académie Française à Paris, pour les revenus, en être distribués au mieux par l’Académie
Dix-mille francs aux Petites Sœurs des Pauvres, cote Pavée à Toulouse (maison de retraite pour les vieillards)
Deux cents francs de rente, leur vie durant, à chacun de mes domestiques qui seront depuis plus de quatre ans à mon service au jour de mon décès
Avant tout prélèvement, ma nièce Madame Germaine Paule Georges Rouliot, demeurant à Paris, 1 rue de Montchanin, xviie et au château de Graville, choisira dans mon entier mobilier tous les objets d’arts ou autre qui lui feraient plaisir et qu’elle trouverait à sa convenance, et ils lui seront remis (serait-ce même l’entier mobilier) nets et quittes de tous droits, avec cette réserve, néanmoins, que je lègue à Madame Paul Gailhard, née Valentine Royant, demeurant rue de la République, n° 82 (Orangerie Basse) à Meudon, la glace ancienne Louis XIV, avec 9 personnages en bois sculptés dorés qui forment le cadre ; elle se trouve dans le grand salon en face de la cheminée et au-dessus du canapé et provient (ce qui évitera toute erreur de désignation de l’objet) du domaine de Lanourrice près de Saint-Paul-Cap-de-Joux (Tarn).
Je laisse mon hôtel particulier de la rue Ninau n° 15 à la ville de Toulouse et en plus de la somme de cent mille francs pour y installer un musée glorifiant plus particulièrement la petite Patrie, c’est-à-dire Toulouse.
Tous les legs ci-dessus, sans exception, sont faits nets et devront être servis quittes de tous droits aux légataires institués par mon testament.
Enfin, le surplus de mes biens (meubles et immeubles) sera partagé par égales parts entre la Ville de Toulouse et la ville d’Auxerre (Yonne) pays de ma tendre femme et regrettée Magdelaine de Langautier, née Esmelin, pour revenir en égales parts, c’est-à-dire pour ¼ au bureau de Bienfaisance et ¼ aux Hospices de Toulouse et pour ¼ au bureau de Bienfaisance et ¼ aux Hospices d’Auxerre
Fait en entier de ma main,
à Toulouse le 16 mai 1932
M. de Langautier
Coralie Dulaurier est la cousine germaine de Félicie Olivier par leurs mères, Cécile et Claire Touzet. De son mariage avec Emile Gailhard, Coralie aura un fils Georges et une fille Marie. Pour faciliter la suite, à la génération suivante, Paul Gailhard épousera sa cousine germaine Valentine Royant.
Marguerite (Marie Marguerite Blanche Guillaumette) Judan a épousé 9 juin 1873 Michel Philippe Grateloup. En 1882, ils auront à Grenade, un fils Louis Marie Romain Emmanuel Bernard